Topographie de grottes marines au Cap Fréhel

Compte-rendu de la sortie du 22 mars 2019

Participants : Juan, Stéphane D., Martin              

Départ de Rennes sur les coups de dix heures, sous un grand ciel bleu. Une grosse heure et demi plus tard, nous nous garons sur le parking du cap Fréhel, en cours de réaménagement.

Il fait un temps superbe. Nous voulons profiter du coefficient de marée de 115 pour retourner visiter quatre grottes marines reculées, dans l’idée cette fois de les topographier.

Une fois équipés, nous rejoignons le GR34 et après y avoir cheminé sur quelques centaines de mètres, nous empruntons la petite sente qui descend au pied des falaises.

Après avoir marché un moment dans les galets et être passés sous une petite arche, nous arrivons à la Grotte du poisson pourri. Celle-ci ayant été « oubliée » par J.-Y. Bigot et J.-F Plissier, dans leur article sur les houles du Cap Fréhel, nous avons décidé de commencer par elle. Nous serons ensuite plus à l’aise pour topographier les cavités suivantes, pour lesquelles nous disposerons d’un temps limité, du fait du flot remontant. Nous sortons notre matériel : compas et clinomètre SUUNTO, double décamètre et fiches-topo. Nous fixons ensuite un point « zéro » et le travail peut commencer. Détermination du point suivant, mesure de la longueur, mesure de l’azimut et de l’inclinaison, puis habillage du point, etc.

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Mais l’heure tourne, et nous reprenons notre marche vers les confins septentrionaux du cap. Nous laissons derrière nous la Houle de la Roche jaune, puis la Houle aux Pigeons et la Houle aux Cormorans, et nous arrivons bientôt devant la grande faille, encore inondée à cette heure, qui doit nous donner accès à notre terrain de prospection de l’après-midi.

En attendant que le niveau de la mer descende encore un peu, nous installons notre « camp de base » et nous prenons notre pique-nique au grand soleil, observés de loin par les cormorans qui nichent dans les falaises.

Il est 13h45 quand la faille semble enfin franchissable. Nous enfilons nos combinaisons néoprènes, nous prenons avec nous le matériel de topographie et le kit qui contient cordes, sangles et mousquetons.

Nous voilà partis. Finalement, la faille est déjà presque à sec, nous aurions facilement pu passer par là une demi heure plus tôt. Nous laissons derrière nous la Houle des Grandes dents, où nous nous arrêterons à notre retour, et une petite escalade nous permet de rejoindre le surplomb de la faille suivante. Nous installons une corde à nœuds dans un renfoncement de la falaise, et nous descendons tous les trois dans un profond canyon aux parois roses.

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Du fait du temps limité dont nous disposons, nous avons décidé de gagner le fond de chaque cavité, et de la topographier en ressortant.

Nous nous engageons donc dans la Houle de l’Arche. La cavité est relativement profonde, bientôt nous perdons la lumière du jour et nous continuons pourtant à avancer.

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Parfois les deux parois de la cavité parfois se resserrent, mais c’est pour s’écarter un nouveau un peu plus loin. Finalement nous arrivons au fond de la faille, où nous observons d’étranges créatures : cloportes géants, scolopendres de mer.

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Nous sortons à nouveau le matériel de topographie, et d’une visée à l’autre, nous revenons progressivement sur nos pas, jusqu’au monolithe qui défend l’entrée de la cavité. Et de deux !

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Avant de sortir du canyon dans lequel nous nous sommes engagés, une petite escalade nous permet de gagner une plateforme rocheuse donnant accès cette fois à la Grotte courbée. Avant de pouvoir y pénétrer, nous devons toutefois traverser de profonds biefs remplis d’une eau claire et fraîche, qui confirme le choix que nous avons fait de mettre nos combinaisons.

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Passé le couloir d’entrée « coudé », la cavité s’ouvre et nous débouchons dans une salle de belles dimensions, au plafond rabaissé. Au fond, Stéphane découvre, coincé dans la roche, un flotteur en aluminium, qu’il décoince à l’aide d’un gros galet. Ni une ni deux nous reprenons notre routine, et quinze minutes plus tard nous retrouvons le grand soleil.

La marée est à présent à son point le plus bas. Nous redescendons rapidement dans le canyon de la Houle de l’Arche, et nous marchons vers l’océan, dont le niveau a considérablement baissé, dégageant ici ou là quelques zones sableuses.

Nous remontons sur les rochers à notre droite, et arrivons devant l’entrée de la « faille finale ». Le fond de la cavité semble visible, dans le prolongement de la faille, après deux grandes vasques.

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Nous nous mettons donc à l’eau, et nous progressons vers le fond de la grotte. Surprise : là où elle semblait s’arrêter, elle part sur la droite, et continue à se faufiler entre les strates rocheuses. La hauteur de plafond est gigantesque ici, peut-être une trentaine de mètres ! Plus loin d’énormes blocs coupent la voie, ouvrant une sorte de salle aux plafond ébouleux. En les escaladant, nous constatons que la cavité continue, et après nous être faufilés dans un petit étranglement, nous apercevons enfin le fond. Nous reprenons notre routine de topographes et huit points plus tard nous ressortons des profondeurs du cap Fréhel, accompagnés le bruit de la mer qui a entamé son implacable remontée.

L’heure est venue de faire demi-tour.

Nous retrouvons l’embouchure du canyon rose, que nous prenons soin cette fois d’éviter grâce à une petite escalade, rendue possible par le niveau encore bas de la mer. Nous récupérons nos sangles et notre corde, et nous redescendons jusqu’à la première faille, dans l’idée cette fois d’atteindre le fond de la Houle des Grandes dents. Nous nous remettons encore une fois à l’eau, car celle-ci est également défendue par de profondes vasques, coincées entre deux falaises resserrées.

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La cavité, creusée elle aussi dans un filon de dolérite, est jonchée d’énormes blocs bleu-noir, extrêmement glissants, mais auxquels l’érosion marine a donné des formes sculpturales. Nous rejoignons bientôt le fond de la cavité et pressés par le bruit des vagues qui s’engouffrent de plus en plus puissamment dans la faille, nous nous dépêchons d’achever nos derniers relevés de la journée, en prenant garde à ne pas glisser sur les rochers.

Nous regagnons alors notre camp de base. Pour finir, nous nous autorisons un petit détour par la pointe du Jas, où nous allons nous perdre un moment dans le dédale de la Grande grotte. Dans le « chenal aérien » qui se trouve au fond de la cavité, au-delà d’un petit lac, nous obtenons, via des trouées dans la falaise, plusieurs points de vue spectaculaires sur la partie post-siphon de la Houle de la Banche.

Nous regagnons alors la falaise, et c’est une sente très étroite et très abrupte qui nous permet de regagner le GR34 et les hauteurs du cap, sous un soleil qui n’a pas varié de l’après-midi.

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